Désormais dans le domaine de la vidéoprotection, il faut compter avec Finalease Group Security.
Cette nouvelle holding regroupant plusieurs entreprises spécialisées dans la sécurité et la sûreté est l’initiative de Lease Protect France, société spécialisée dans la démarque inconnue* depuis 2009 et créée par un binôme, Patrick Lascar et Mikaël Choucroun cousins à la ville. Lease Protect France a ainsi fait l’acquisition d’Adamis en 2016 et en 2020, de Vigifrance et Aximea.
Entretemps, Nexstage et Andera Partners sont entrés au capital de la société basée à Marseille. L’objectif : créer un groupe capable de répondre à toutes les problématiques de sécurité et de sûreté, du retail aux sites industriels en passant par les collectivités locales et les entreprises du tertiaire, sur tout le territoire français.
Voici la 1ère partie de l’interview :
Quelle est la genèse de Lease Protect France, société historique spécialisée dans la démarque inconnue à l’origine de la création de Finalease Group Security, holding regroupant plusieurs sociétés spécialisées dans la sécurité des biens et des personnes ?
PATRICK LASCAR
« À l’époque, Mikaël et moi sortions d’une grande entreprise américaine, TYCO, qui nous avait appris le métier, et qui avait racheté une entreprise lyonnaise, CIPE France. Mikaël se destinait à l’origine à une carrière de professeur de mathématiques et moi, dans le tourisme, mais nous avions postulé dans cette entreprise, et le métier nous a plu.
En 2009, nous n’étions plus en phase avec la stratégie commerciale du groupe ni leur politique managériale. Nous avons donc créé Lease Protect France sur la base d’un business model compréhensible par tous : la lutte contre la démarque inconnue, c’est-à-dire la lutte contre le vol interne et le vol externe dans les magasins. Nous avons fait le choix d’une formule de leasing comprenant l’installation, la maintenance et la mise à disposition du matériel incluses dans une seule mensualité, sans coût caché, pour adresser un marché de TPE/PME/PMI avec une force de vente directe.
De 2009 à 2014, nous avons progressé de manière organique en ouvrant des agences à Lyon, Rouen, Lille, Bordeaux, Strasbourg, Rennes. L’idée était d’adresser un marché de proximité avec des solutions répondant à la problématique des pertes dans les magasins –vol à l’étalage, vol interne– en faisant baisser ce montant annuel de vol, nous vendons en réalité un gain.
À titre d’exemple, si une pharmacie réalise un chiffre d’affaires de 3 M€ de CA par an à 2% de démarque inconnue, cela représente 60 000 € par an. Les solutions que nous mettons en place – caméras de vidéosurveillance, portiques antivol…- vont faire baisser mécaniquement la démarque inconnue de 70 % à 85 %. C’est une marge supplémentaire que nous apportons à notre abonné et nous, nous nous rémunérons avec une mensualité fixe non indexable qui englobe toute la partie matérielle, installation, maintenance de solution de lutte contre la démarque inconnue. Pour ma part, j’aime l’idée d’augmenter la marge de mes clients et de participer à leur pérennité. »
PATRICK LASCAR
« Correspondre aux besoins de l’époque »
MIKAEL CHOUCROUN
« En résumé, c’est une solution qui s’autofinance. Il ne s’agit pas d’un coût supplémentaire pour l’utilisateur puisque nos honoraires ne sont qu’une partie du bénéfice récupéré par l’entreprise. »
PATRICK LASCAR
« En 2009, nous étions un peu à contre-courant. En pleine crise financière, les commerçants n’avaient pas ou peu de solutions directes pour faire baisser cette démarque inconnue.
En 2013, nous avons été approchés par un fonds d’investissement, Nexstage. Ils voulaient nous accompagner dans le développement du groupe. Nous nous sommes laissé séduire et ils sont entrés au capital de Lease Protect France en 2014. Cette entrée au capital nous a permis de gagner en reconnaissance sur le marché et de réaliser notre première croissance externe en faisant l’acquisition d’Adamis Technologies en 2016.
Adamis Technologies est spécialisée sur les grands comptes – IKKS, Jules, Brice, Intersport, Sport 2000 – et n’installait que des antennes antivol à la sortie des magasins. Cette acquisition faisait sens parce que certains de nos clients avaient alors besoin d’accompagnement pour leur déploiement national ou à l’international. Nous nous étions alors demandé s’il était plus pertinent de développer nous-mêmes ces solutions, en interne, ou s’il valait mieux s’adjoindre l’expertise d’une entreprise déjà spécialisée dans ce domaine ; et dont l’organisation technique et administrative serait adaptée à ces profils grands comptes.
Cette acquisition nous a permis de réaliser du cross-selling en mettant à disposition des clients d’Adamis Technologies des solutions de vidéosurveillance, anti-intrusion, et de contrôle d’accès.
En 2019, nous avons réalisé un LBO (Leveraged Buy-Out, ou achat à effet de levier) et nous avons créé Finalease Group Security dans l’objectif de poursuivre la croissance externe et d’acquérir des savoir-faire supplémentaires pour continuer de croître.
En 2020, nous avons donc réalisé deux nouvelles croissances externes dans le domaine de la sécurité électronique. Nous nous étions rendu compte que le marché avait besoin non plus d’un installateur, mais d’un intégrateur de solutions, capable de faire communiquer les systèmes de vidéosurveillance, les systèmes d’alarme, les portiques antivol, et le contrôle d’accès. C’est ainsi qu’Aximea, basé dans le nord de Paris, et Vigifrance, en Rhône-Alpes, nous ont rejoints.
Désormais, nous comptons 13 implantations nationales, nous couvrons géographiquement environ 70% du territoire et nous sommes capables d’adresser les TPE/PME/PMI, les commerçants, mais aussi les professions libérales ou encore les collectivités (depuis début 2020, nous avons équipé 65 communes) et les grands comptes.
Au niveau national, nous sommes désormais perçus comme un professionnel de la lutte contre la démarque inconnue, mais aussi comme spécialiste de la sécurité électronique. Nous sommes environ 180 dans le groupe et notre ADN se base sur une culture. »
Quels sont les principaux freins au recours à des équipements de sécurité et de protection ? Faut-il encore faire de l’évangélisation ?
MIKAEL CHOUCROUN
« De façon générale, il y a deux types de population. La première a conscience de ce que peut lui apporter un système de vidéoprotection ou de portiques de sécurité. Ces entreprises ont simplement besoin d’une solution adaptée à leur situation.
Et il y a ceux qui perçoivent la vidéo surveillance comme un outil de trackage ou une mesure de rétorsion, et qui craignent que cela soit perçu comme tel par leurs collaborateurs ou leurs administrés. En réalité, ils projettent souvent leur propre mauvaise perception de la vidéosurveillance sur les autres. »
PATRICK LASCAR
« C’est un paradoxe d’ailleurs. Aujourd’hui on veut davantage de sécurité, mais sans surveillance. Il faut trouver le juste milieu, mais la vie privée est protégée en France. Notre métier est encadré, la CNIL veille et il faut des autorisations préfectorales pour installer de la vidéosurveillance. »
MIKAEL CHOUCROUN
« En réalité, on peut faire beaucoup de choses avec la vidéosurveillance : faire de l’analyse comportementale, identifier les zones chaudes, à risques ou froides, et un sens de circulation. Typiquement, ce type de personnes peut être tenté d’utiliser un système de caméra basique quand il pourrait en choisir un qui lui permettra en plus de développer son activité ou d’améliorer son service.
Une caméra de vidéosurveillance sert à bien plus que regarder un bout de trottoir.
Pour un point de vente, il peut être utile de vérifier au bout de combien de temps un client est pris en charge par un vendeur ou une vendeuse. Cela a une incidence sur le dimensionnement de la force de vente, et surtout un rapport avec son chiffre d’affaires. Imaginez la marge de progression si vous installez les articles à forte marge dans les points chauds de votre magasin. Ce sont nos clients qui nous le disent, puisque nous avons des retours réguliers. »
PATRICK LASCAR
« La situation actuelle pousse les professionnels à s’équiper. À titre de comparaison, dans les espaces publics en Grande-Bretagne, il y a une caméra pour 15 habitants. En France, c’est une caméra pour 66 habitants, mais cela évolue rapidement. En 2009, lorsque nous avons lancé Lease Protect France, l’iPhone était très peu répandu par rapport au BlackBerry et la transmission d’images par terminal mobile, inexistante. Aujourd’hui, on peut vérifier en temps réel si tout va bien à son domicile. Nous n’avons pas été les initiateurs de cette tendance, mais ce que nous proposons correspond aux besoins de l’époque. »
MIKAEL CHOUCROUN
« C’est un fait, aujourd’hui, la question de l’installation de caméras de surveillance se pose partout. La question c’est : qu’allez-vous faire de ces images ? Actuellement, une installation sur deux que nous faisons consiste à moderniser un équipement déjà existant. »
PATRICK LASCAR
« C’est d’autant plus vrai que la vidéosurveillance est une technologie qui évolue presque tous les 6 mois.
Par ailleurs, je considère comme un devoir envers nos clients de faire évoluer les systèmes et les solutions que nous proposons pour contrer aussi, par exemple, les malfaiteurs qui exploitent les vulnérabilités des systèmes existants. »
MIKAEL CHOUCROUN
« De manière générale, nous avons un devoir de conseil pour permettre à notre client, dès le départ, d’installer un équipement suffisamment dimensionné ; et l’avantage du leasing, c’est justement de pouvoir disposer de technologies récentes. »
PATRICK LASCAR
« En effet, nous programmons des points d’étape avec nos clients afin de dresser un bilan et leur proposer, dans le cadre de leur contrat, à isobudget, des solutions plus performantes. Ils nous ont fait confiance. D’ailleurs, pour aider nos clients à tirer le maximum des technologies que nous mettons à leur disposition, nous avons développé le LPView, un outil exclusif qui permet de créer un audit complet d’un système de vidéosurveillance. Même les utilisateurs d’autres solutions que la nôtre peuvent l’utiliser pour répondre à leurs problématiques de démarque inconnue, de QHSE (Qualité, Hygiène, Sécurité, Environnement), etc.. »
À venir dans la seconde partie de l’interview : le recrutement et la fidélisation des collaborateurs de Finalease Group Security, les perspectives de croissance du Groupe et l’ambition de ses fondateurs ainsi que les enjeux autour de la démocratisation de ces équipements de sécurité…
* Démarque inconnue : différence entre stock réel constaté et stock théorique due aux vols internes et/ou externes.